Grand Stade : on est footu !

Ca y est, l’arbitre a sifflé le coup d’envoi : la machine du Grand Stade va s’emballer ! Le Grand Lyon a adopté la révision du plan local d’urbanisme (PLU) de Décines le 12 décembre 2011, avalisant ainsi la création du stade des Lumières sur cette commune. L’étape suivante est l’obtention du permis de construire puis le début des travaux au 2^nd semestre 2012.

Je suis déçue par le message que les hommes politiques (locaux et nationaux puisque c’est un projet d’envergure nationale cf. Euro 2016) donnent : préférer le foot spectacle, le fric, le bling-bling… à l’utile et au raisonnable. Forcément, c’est beaucoup plus « sensas » (« bankable » même) de se vanter de réaliser un complexe sportif géant plutôt que d’affirmer qu’on met de côté des terres pour cultiver des légumes (par exemple).   

Je regrette ce choix. Cela va de pair avec mon dégoût croissant du foot professionnel [catalysé depuis le célèbre « coup de boule »], qui véhicule les valeurs d’argent, de démesure, de superficialité : salaires aux montants outranciers, culte de la personnalité des joueurs et rivalité des ego, support de marketing chargé d’alimenter les caisses des paris en ligne, merchandising pour attraper le gogo-supporter, mauvais exemples des footeux-stars qui friment et shootent allègrement contre le modèle de la « sobriété heureuse » … Sans compter l’ambiance dans les stades qui ne vole pas toujours haut, avec les sifflements et injures contraires à l’esprit sportif [mardi, j’ai assisté un match de l’Asvel, dans une ambiance bon enfant… sauf à chaque lancer-franc où les puissants sifflements visant à déstabiliser et dénigrer les sportifs adverses sont très désagréables à entendre].

Les édiles privilégient le spectaculaire à l’utilitaire. Détaillons cet exemple des paniers alimentaires. Le constat fait officiellement l’unanimité : il faut sauver les paysans, maintenir l’agriculture de proximité, promouvoir les Amaps ou les systèmes de paniers. Or, alimenter une communauté d’agglo aussi grande que la notre (et dont le nombre d’écoconsommateurs ne demande qu’à croître) nécessite pas mal de terrains de foot et une solide équipe d’agriculteurs [bien plus que onze].  Pour planter des choux ou un « but » dans les cages, il faut de l’espace, d’où la malheureuse concurrence entre les terres arables et le pré vert du foot business. Et qui gagne toujours : le Petit Poucet et ses frères cultivateurs ou l’  « ogre » de Cegid ? Pourtant, un ballon de foot c’est peu nourrissant !

Pourquoi ne pouvait-on pas laisser l’OL à Gerland, rénové, en cohabitation avec les rugbymen du Lou ? Le loup et la coccinOL batifolant sur le gazon vert de Gerland...  Les deux clubs se seraient partagés le terrain, pour une utilisation optimum de l’arène sportive. Il y aurait eu la fête tous les soirs : les Lyonnais auraient applaudi le foot, le rugby, les concerts… en alternance. Et Décines se serait trouvée une autre vocation.

Sauf qu’en agrandissant les tribunes (60000 places), on jongle avec un fructueux ballon d’or : le « jouer devant plus pour gagner plus » triomphe. Tel est l’engrenage du foot business. La pompe à fric est actionnée [certes, par l’argent d’Aulas en majorité] et rien ne l’arrête : investissements de construction suivis d’apports financiers réguliers pour que le club reste au niveau. Si ça marche, on gratifie financièrement les acteurs du système ; si ça échoue, on renfloue. Et au final, l’objectif c’est que l’OL soit racheté par les Emirats arabes unis ou la Chine, pour une revente juteuse qui ne profitera pas aux Grands Lyonnais ? Chers politiques, vous êtes sûr qu’il n’y n’a pas d’autre affectation plus utile ou plus sociale pour ces hectares de terrain décinois ? Les bassins de Montout  ne demandaient qu’à rester là d’ailleurs [et ça les bassine ferme de déménager pour permettre à des goals de plonger]

A partir du 6 janvier 2012, les adversaires du projet du Stade des Lumières vont bien tenter quelques dribles et tirs au but juridiques (sur les aspects de desserte de l’équipement, par exemple) mais le mur de la défense sera dur à contourner. Difficile de lutter contre une équipe d’édiles soudée, jouant sur son propre terrain…

Il est toutefois encore possible :

-          de soutenir l’association Carton rouge, qui souhaite marquer un but décisif en demandant un référendum sur le sujet (pétition en cours)

-          d’en rire, en allant voir le spectacle du Théâtre de la Maison de Guignol : « Aulas à Collomb : Décines moi un grand stade ».

Calendrier défaitiste et réaliste du Stade des Lumières :

A partir du 6 janvier 2012 : PLU opposable

Février 2012 : délivrance du permis de construire par la mairie de Décines

2^nd trimestre 2012 : début des travaux

2014 : inauguration ?