J’ai parlé du bidonville de la Part-Dieu, dans un billet de juin 2010, en raison du dépotoir géant qui côtoyait la voie du tramway T3. Ce thème est délicat or je ne veux pas m’aventurer sur le terrain glissant de la politique qui est « hors-sujet » sur mon blog, particulièrement sur des sujets de fond comme celui-là. Toutefois, je me sens obligée de l’aborder une dernière fois, histoire de me débarrasser clore ce dossier dont j’ai ouvert le volet des nuisances écologiques. Il m’importe en effet de ne pas laisser aux oubliettes l’issue différée d’un sujet qui a été traité quand il était au pic de son actualité.
Oui, les Roms du terrain vague de la rue Paul Bert ont à nouveau fait parler d’eux et la fin du feuilleton s’est déroulée sans retournement de dernière minute. Voici les épisodes et les faits retracés par la presse lyonnaise (Progrès, 20 Minutes Lyon, Métro Lyon, Lyon Plus) [qui ne pallie pas certaines imprécisions !] :
Début 2010 : 200 Roms vivent sur le terrain et une pyramide d’immondices bien bariolés et bien visibles.
Peu de temps après, [je sais, c’est un hasard de calendrier, mon blog riquiqui n’y est pour rien du tout ;-D], une benne était installée à proximité et la grande majorité des ordures avaient disparues. Le travail n’était pas fignolé [c’est une éboueuse occasionnelle qui rend son verdict] mais il est indéniable que les abords étaient redevenus corrects.
Les Roms, eux, ont d’autres soucis que la propreté de leur camp puisqu’ils sont sous le coup d’un avis d’expulsion.
26 avril 2010 : le Tribunal de Grande Instance (TGI) de Lyon accorde 6 mois aux Roms pour quitter le terrain vague. La date-butoir est donc le 26 octobre 2010. Le délai court à partir du moment où il est signifié aux occupants par l’intermédiaire d’un huissier de justice [est-ce pour cela que l’évacuation sera très légèrement ultérieure ? ].
Début septembre 2010, le Tribunal administratif de Lyon demande le démantèlement du site appartenant à Réseau ferré de France et au Conseil général du Rhône [qui a saisi le TA ? ].
Avant et après ces décisions, des démarches et interventions sont réalisés par l’Association lyonnaise pour l’insertion par le logement (Alpil), le Collectif Roms, le Réseau éducation sans frontière (RESF), l’ONG Médecins du Monde.
Les départs commencent, rendus visibles par la disparition progressive des voitures au bas du mur cachant les baraques, puis plus tardivement par celle de la caravane, et enfin par le nombre décroissant de roms se baladant sur la voie longeant le tramway [je me sens obligée de préciser que je n’enquête pas sur ce quartier mais que j’emprunte très régulièrement ce passage, d’où mes observations].
Mardi 26 octobre, à minuit, le délai expire : les Roms sont expulsables à tout moment. Cette étape est le pré-requis des débuts de travaux de dépollution du sol de la zone où s’élèvera le futur bâtiment des Archives Départementales en 2013. En cas de retard dans la construction, le Conseil général devra payer des astreintes aux entreprises du chantier.
Mardi 2 novembre, visite de la police, accompagnée d’un policier roumain. L’expulsion pourrait survenir le lendemain.
Et ce qui devait arriver arriva : le matin du mercredi 3 novembre 2010, un grand périmètre de sécurité cerne le quartier et une cinquantaine de roms (dont des enfants et femmes enceintes) sont délogés, apparemment dans le calme. Parmi les évacués, 11 sont « déjà relogées ou hébergées », 15 familles sont en relation avec le Samu social (115), 4 familles sont reconnues prioritaires dans le cadre de la commission de la loi Dalo (Droit au logement opposable), 15 ont accepté l’aide au retour volontaire (300 €), 1 personne relève d’une Obligation de quitter le territoire français (OQTF) [rq : la presse gratuite se contredit entre les « familles » et les « personnes », pour des chiffres exacts, la source est la préfecture du Rhône]. Pas d’infos pour les autres, ce qui signifie, pas de solution d’hébergement et recherche de squats dans l’agglomération lyonnaise.
Les bulldozers entrent en action dès la fin de la matinée.
Aux yeux des riverains et passants, des indices subsistaient le lendemain : poussettes dans les fourrés, tas de vêtements, … Toutefois, quelques jours après, tout avait été enlevé, suite à l’intervention des services de la propreté. Les déchets n’ont pas totalement disparus, et d’autres vont surgir au fil du chantier, mais c’est le point final du bidonville du quartier [et de mon billet].